Les grandes étapes du processus thérapeutique

23/03/2023

Prendre rendez-vous chez un "psy", c'est parfois se jeter à l'eau. C'est bien évidemment la première étape lorsqu'on aspire à un changement dans sa vie, pour soi en premier lieu, mais aussi pour notre environnement. Il s'agit de s'autoriser à formuler une demande à un autre : demande d'aide, demande de compréhension, de "clés" pour ouvrir des portes verrouillées. Et sentir sa demande entendue, reconnue et validée par la personne à qui l'on confie ses difficultés procure déjà un vraiment soulagement. Il est précieux de pouvoir se sentir accueilli(e), de percevoir notre souffrance légitimée par un autre : elle existe, prend sa place. Formuler une demande n'est pas si facile, et c'est déjà un acte en soi. Puis, elle peut être maladroite, on ne sait pas trop, elle chemine, et il y a quelqu'un pour cheminer avec vous et affiner, déplacer et mettre en forme ce qui interroge. A ce moment là, vous n'êtes plus seul(e) face à un sentiment parfois bien flou. Un contour peut s'y dessiner progressivement.

Alors, adviennent des Mises en conscience. On comprend mentalement ce qui nous mets en difficulté actuellement, ce qui nous a posé problème par le passé; des expériences douloureuses notamment. Souvent, nos sources de mal-être proviennent de nos réponses à ses expériences douloureuses passées. Il est important d'en avoir conscience et de garder en tête que nos comportements, nos pensées, à l'époque, nous ont permis de nous protéger. Le psychisme réagit au stress et s'adapte pour nous défendre. Ces attitudes, qui peuvent être sources de souffrance aujourd'hui lorsqu'elles se répètent, nous ont permis de faire face auparavant, et de sauvegarder notre intégrité psychique ou physique. C'est important selon moi de souligner ce point pour pouvoir rester bienveillant avec soi. 

En parallèle de cette compréhension nécessaire, il y a le vécu émotionnel, dont le siège est plus "corporel". On parle bien de ressentis, qui peuvent aller de la sensation, très physique à l'affect, plus en lien avec la pensée. C'est une étape aussi importante, car le corps à ses mémoires qui demeurent et demandent aussi à être entendues. Les vécus émotionnels sont à exprimés et à associer aux pensées pour que le processus s'inscrive durablement.  c'est parfois éprouvant, parfois plus doux selon notre manière de fonctionner. Et là encore, c'est légitimé dans une relation bienveillante. 

Certaines personnes sont plus ou moins au contact de leurs émotions ou de leurs pensées. c'est pour ça que je parle de processus parallèles. Tout dépend de nos façon de réagir, de nous défendre quand c'est nécessaire, et ce qui est une voie d'accès privilégiée pour les uns ne l'est pas pour d'autres. On peut être submergé par ses émotions sans pouvoir y mettre de sens comme avoir compris beaucoup de choses sans percevoir pour autant d'améliorations durables. 

Lorsque que les affects se lient à la compréhension, alors une sorte de pacification commence à s'éprouver. C'est le processus de l'acceptation. L'acceptation ce n'est, selon moi, pas qu'une question de volonté. C'est une cicatrisation. ça prend plus ou moins de temps et cela se fait de manière inconsciente au fil du travail. Mais à un moment, on se sent en paix avec notre histoire, celle qu'on est venue confier, qu'on a voulu interroger. Les réactions sont moins vives, on peut intégrer cela à notre histoire personnelle sans que ce soit douloureux. On est en paix avec cela. 

Alors, le changement s'opère. On se rend compte qu'on peut agir et vivre les choses différemment. Qu'on peut prendre une autre place face aux évènements qu'on traverse, ceux pour lesquels on peut faire des choix différents, et ce dont on ne détient pas la maitrise mais que l'on ressent avec moins de tension. On pose des actes d'une autre couleur. C'est plus harmonieux pour nous. 

Voilà comment je peux décrire le processus thérapeutique tel que je le vois aujourd'hui. C'est un chemin unique, plus ou moins long selon ce qui nous amène, ce qui nous a construit. Il n'y a pas de mode d'emploi et c'est important que cela se produise à notre rythme à chacun. Il s'agit véritablement d'une maturation subjective...