Mon Parcours Psy : pourquoi je ne suis pas conventionnée à ce jour

10/04/2023

Depuis la crise Covid en 2020, il est certain que le la santé mentale a pris un bel essor. Cela a autorisé plusieurs d'entre nous à revisiter quelles étaient les priorités dans leur vie, devant le caractère instable de cette dernière. C'est une belle avancée je trouve. Moi-même, c'est au décours de ce passage que j'ai souhaité ouvrir mon cabinet pour me sentir plus alignée avec moi-même qu'au sein de l'institution hospitalière. entre nous, ma pratique hospitalière me tient à cœur, de par l'importance des crises psychiques que je prends en charge, mais aussi du travail d'équipe que je trouve parfois essentiel dans les situations graves. Mais c'est parfois très difficile de concilier l'éthique avec le politique qui imprègne les institutions actuellement. 

Bref, je ne peux que me réjouir que tant de personnes se préoccupent de leur bien-être psychique, de l'état de leurs relations, familiales, amicales, et de l'équilibre qu'ils trouvent personnellement au milieu de ce monde. je reste persuadée que c'est un des meilleurs moyens pour œuvrer à un monde plus sain, plus pacifique. 

Surfant sur cette vague, le gouvernement à crée le dispositif de prise en charge psychologique à travers "Mon Parcours Psy". L'idée m'a séduite au démarrage. Depuis le temps que je pense que la santé mentale est essentielle et devrait être inscrite dans les priorités politiques! j'ai rapidement déchantée... 

En premier lieu : le nombre de séances remboursées :   8 séances. Ne serait-ce que de se projeter dans un décompte; l'humain n'est pas une calculatrice, et son inconscient encore moins. Je vous avoue que faisant partie du dispositif pour les étudiants remboursant 8 séances également, cela me parait vraiment insuffisant. La première consultation devient une évaluation pour définir si c'est un "petit souci", un "besoin de parler ponctuellement" ou s'il faudra un suivi probablement plus long et comment la personne peut assumer financièrement. Non, toutes crises d'angoisses, en fonction de l'étiologie, ne se résolvent pas en 6 séances de respirations (même si j'ai beaucoup d'estime pour la cohérence cardiaque!), parfois cela ne suffit pas. J'aurais souhaité que le dispositif ne soit pas limiter, comme pour d'autres professions tels que les médecins, kinés, orthophonistes etc.) Et je vous assure que cela peut surprendre plus d'une personne qui penserait venir et tout résoudre en quelques séances, mais un changement profond et qui tient nécessite parfois du temps. Et surtout, le temps de ne pas être limité. 

En deuxième lieu : la durée de séance: 30 minutes. Nous sommes rémunérés 30 euros brut pour ces 30 minutes en toute transparence. Je vous assure que 30 minutes pour être bien accueilli, quand on parle de soi, dans l'intime, sans avoir un psy rivé sur l'horloge, c'est vraiment léger. En sachant que sur la pratique en libéral, sur ces 30 euros il faut y voir, les charges fiscales, la part de loyer, les congés payés, le budget formation etc... ce qui nous obligerait nous psychologues, a enchainer les patients sans pouvoir respirer ou amortir les imprévus entre chaque consultation. Bien que nous ne soyons pas en activité physique poussé, notre métier est prenant. Et pour vous accueillir dans de bonnes conditions d'écoute, il est indispensable que nous soyons réceptifs, et non guidés par le timing. 

Dans les consultations que je fais dans le cadre du dispositif étudiant, je suis rémunérée 30 euros brut pour des séances de 45 minutes. Je le fais car le dispositif est "moins mal construit" que pour le parcours psy général. C'est comme une contribution, car cela me tient à cœur, mais ce n'est pas viable pour mon activité si je ne reçois que ces jeunes patients là. 

je suis une défenseuse du service public pour l'accès du soin à tous. Et à travers ce dispositif, je ne vois que de la poudre aux yeux pour déshabiller celui-ci et précarisé le soin psychique. Il devrait y avoir davantage de moyen pour l'hôpital c'est certain, et je l'éprouve quotidiennement quand je me rends sur mon lieu de travail hospitalier. 

Non, je n'ai pas ouvert mon cabinet pour proposer un soin au rabais. la santé mentale mérite une considération bien supérieure car elle œuvre à la liberté de chaque individu de faire ce qui lui semble le meilleur pour lui, et pour son environnement. 

Je suis pour l'accès au soin psychique pour tous, pour le remboursement des psychothérapies, mais pas pour jeter de la poudre aux yeux, ni à n'importe quel prix.